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Maïssa Bey (Algérie) et Dimitri Analis (Grèce)

5 avril 2006 de 19h00 à 7 avril 2006 de 23h59

Maïssa Bey (Algérie) et Dimitri Analis (Grèce)

Lectures et échanges

Mercredi 5 avril à 19h Rencontre avec Maïssa Bey

à la librairie Histoire de l'œil 25 rue Fontange 13006 Marseille

Entrée libre

Maïssa Bey est née en 1950 au sud d’Alger, elle vit à Sidi-bel-Abbès et travaille au Ministère de l’Education. 

Elle est l'auteur de nombreux ouvrages, dont plusieurs collectifs, elle publie des nouvelles (Nouvelles d’Algérie, Grasset, 1998), récits (Entendez-vous dans les montagnes et Cette fille là, Editions de l’Aube 2002 et 2001) et journaux (Journal intime et politique, Algérie 40 ans après, Aube, 2003), dont le caractère autobiographique se mêle à l’histoire algérienne contemporaine en faisant une belle place à la vie et au rôle des femmes dans une société chamboulée, prise entre immobilisme et changement. 

 Rencontre avec Dimitri Analis

Lectures et échanges

Vendredi 7 avril à 19h

à la librairie Histoire de l'œil 25 rue Fontange 13006 Marseille

Entrée libre

 

Dimitri Analis est né en 1938 à Athènes.

Homme de double culture et poète francophone, traducteur en grec de Yves Bonnefoy et Julien Gracq, il a publié plusieurs recueils de poèmes et de nouvelles (Eloge de la proie, L’autre royaume aux Editions de la Différence, Hommes de l’autre rive ; Amitié, temps et lumière aux Editions Obsidiane, co-écrit avec le grand poète libanais Adonis), ainsi que des essais sur l’art et les voyages (Fassianos ; Théâtre, Eschyle ; Majestueuses Iles grecques). Spécialiste de la géostratégie, il a été conseiller aux Affaires Etrangères et est également auteur d’ouvrages sur les relations internationales, les crises et les minorités (Chronique d’un peuple assiégé, Yougoslavie 1993-1996, aux Editions L’Age d’Homme). 

 


 

Maïssa Bey, Le magazine Littéraire, n° 451, mars 2006

Je qualifierais mes relations avec lefrançais de "mutuelle complicité" empruntant l'expression au poète algérien Djamel Eddine Bencheikh. Parce que le suis née dans un milieu où l'arabe parlé et le français cohabitaient, je suis allée de l'un à l'autre sans questionnement. C'estdans la langue française que j'ai appris à lire et à écrire sous la colonisation. Mes connaissances en arabe "classique" ne se sont développées qu'au lycée où cette langue m'était enseignée comme… langue étrangère ! Lefrançais m'est une langue naturelle, elle est en moi, et en bien d'autres, la trace irréfragable d'une histoire individuelle, mais aussi d'une histoire collective. Et je vis cela comme une extraordinaire richesse.

 

Si la francophonie "repose sur le sentiment d'appartenir à une communauté que fonde l'usage d'une langue, le français", je ne peux qu'être francophone. Je la vois comme lieu des diversités vivantes et parfois remuantes de la languefrançaise. Mais les catégories sont très difficiles à établir: irait on chercher Rousseau, Simenon ou Camus sur les rayonnages des littératures francophones ? Un écrivain peut il se définir uniquement par son lieu de naissance ? Par sa nationalité d'origine ou par celle qu'il a choisie? Je suis algérienne, et donc géographiquement africaine. Comme beaucoup d'écrivains, je m'interroge sur mon identité, sur mon histoire, sur mon rapport à l'Autre et à l'ailleurs. Je préfère penser la littérature comme un point de convergence où se reconnaîtraient tous ceux qui tentent de rejoindre l'humain en l'homme.

 

Écrire, c'est s'emparerde la parole, et surtout entrer par effraction dans l'espace public pour faire entendre sa voix. C'est, dans des sociétés telles que la nôtre, bardées d'interdits, l'une des seules possibilités que l'on a d'exister. Autrement Il y a autre chose… les sujets que j'aborde… le plaisir, le désir desfemmes, l'inceste, l'avortement, l'homosexualité, tout ce que les hommes ne se privent pas de décrire, sans penser à se censurer : l'écriture est ce qui m'a toujours permis de façonner le monde à la mesure de mes rêves, d'expulser mes révoltes pour aller au delà de mon impuissance à le changer. C'est ainsi que j'ai écrit, quelques semaines après le séisme de Boumerdes, Surtout ne te retourne pas. ”

 

Propos recueillis

par Eloise Brezouit

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