Des gestes du travail à l’oeuvre
7 juin 2005 de 19h00 à 23h59
Les gestes du travail à l’œuvre
Du combat épique de l’homme avec l’animal dans La peau trouée aux prises de l’homme avec la machine dans Fabric, cette séance de projections donne à voir et à réfléchir des gestes du travail dans leur dimension archaïque, universelle et atemporelle. Labeur ou ouvrage ? Des gestes en tous cas enracinés dans une mémoire que ces deux films inscrivent dans celle du cinéma.
La peau trouée de Julien Samani (56 min, DV/35 mm, couleur, France, 2004)
Cinq pêcheurs de requin-taupe partent en campagne au large des côtes irlandaises. A travers leur isolement face à la mer et la violence de la chasse qu’ils pratiquent, ces hommes interrogent notre rapport à l’animalité.
Loin du reportage télévisuel, La peau trouée est une épopée humaine et cinématographique hautement captivante où le combat sanglant avec l’animal exhale une force primitive. Sans aucune concession au folklore, avec pour seuls commentaires sonores la clameur des hommes, le tumulte des flots et le bruit des machines, ce film s’inscrit dans une mémoire qui relie le geste à la technique.
La peau trouée a reçu le Grand prix aux “Rencontres du Moyen Métrage” de Brive, le Prix de la première œuvre à Nyon et le Grand prix du documentaire au festival “Entrevues” de Belfort.
Formé d’abord à l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs – image et graphisme -, Julien Samani s’initie à la pratique du cinéma à la Cooper Union Scholl of Design de New York où il réalise deux courts-métrages. Il travaille depuis comme graphiste et illustrateur. La Peau trouée est son premier film.
Fabric de Sergueï Loznitsa (29 min, 35 mm, couleur, Russie, sans dialogue, 2004)
Une journée dans une usine russe de travail à la chaîne. Aucune parole, seulement des hommes et des femmes qui actionnent des machines et manient des matériaux, et une bande sonore qui habite l’univers.
Le geste humain et la mécanique de la machine entrent dans une interaction énigmatique qui fait s’interroger : du monde des machines ou de celui de l’homme, lequel est une partie de l’autre ?
Fabric a reçu le Grand prix du festival “Doc en courts” (Lyon, 2004).
Né à Kiev, formé à l'Institut cinématographique de Moscou (VGIK), Sergueï Loznitsa est l’une des figures du cinéma documentaire russe contemporain. Il a réalisé L'attente (2000), La colonie (2001), Portrait (2002), Paysage (2003 – prix du meilleur documentaire étranger au festival “Filmer à tout prix” en 2004) et Fabric (2004), cinq films, dont la cohérence d’ensemble constitue déjà une œuvre, qui parlent de la Russie profonde, de ses paysages et de ses habitants.