juillet 11, 2012

Revue de presse

 

2011 – 2012

Radio

Radio Galère / Marseille

lecture par Dimitri Bortnikov / Je suis la guerre en paix  Lettres d'Ivan le sévère dit le terrible traduction Dimitri Bortnikov parution octobre 2012 Allia

Radio Grenouille / Marseille

 

Article sur site internet

 

 

Presse papier

 

Zibeline n °47 du 14 décembre 2011 au 18 janvier 2012

La Provence – 13 janvier 2012

Marseille L'Hebdo – mercredi 18 janvier 2012

Ventilo n° 293 du 8/02/2012 au 21/02/2012

Ventilo n°294 du 22 février 2012 au 3 mars 2012

 

Dazibao 32 Printemps 2012

Ventilo n°303 du 27 juin au 18 septembre

 

 


 

 

 

 

E

 

trange et pénétrant

Pour sa douzième édition, le festival international de vidéo expérimentale de Marseille continue son exploration des champs visibles et invisibles de l’image en mouvement.

Chaque année, la fine équipe de P’Silo offre à la cité phocéenne une vraie respiration dans la sourde chaleur qui s’abat sur la ville. Une bouffée d’air frais, mêlant le plaisir de l’expérience visuelle à la convivialité de l’accueil. Ainsi, se rendre aux soirées d’Images Contre Nature est une double aventure en soi : la rencontre d’êtres humains aux antipodes de la représentation élitiste que l’on peut s’en faire, et la découverte de films totalement inédits, qui ne bénéficieront presque jamais d’un réseau de diffusion digne de ce nom, souffrant de la radicalité pourtant salvatrice avec laquelle les réalisateurs abordent leurs films. Si les opus sélectionnés contribuent à développer chez le spectateur ses fonctions sensorielles, le plaisir se parachève autour du bar, à converser des heures durant avec Hélène Bez ou Claude Ciccolella. Ce qui n’empêche en rien l’exigence d’un travail unique porté depuis douze ans. Lors de cette nouvelle édition, l’équipe de P’Silo a derechef opté pour une formule, à présent rôdée, qui convient parfaitement aux mécanismes de sélection des principaux intéressés : sept programmes (espace, identité, long, mouvement, perception, sens, temps), réunissant plusieurs dizaines de films, souvent courts, propres à approfondir l’expérimentation de tous les aspects intrinsèques de l’image projetée. L’équipe organisatrice étant particulièrement connue pour sa fidélité et les liens d’amitiés tissés avec les artistes, certains réalisateurs ont déjà été croisés dans les sélections précédentes. Mais chaque année, certains thèmes se révèlent plus particulièrement que d’autres. Comme le souligne Hélène Bez, « nous avons été surpris de recevoir cette année, bien plus que d’habitude, de nombreux films construits sur le principe du found footage, l’utilisation d’images déjà filmées. Plus ça va, plus le cinéma se cite, ou se récite. Au-delà, même, le cinéma cite la télé, qui cite Internet, qui cite à son tour le cinéma… Tout est en boucle. Nous sommes là tout autant dans l’hommage que dans le détournement. » En ouverture et en clôture de l’événement, Images Contre Nature nous propose de découvrir le surprenant travail de Doplgenger, duo d’artistes en provenance de Belgrade, qui bénéficie cette année de deux cartes blanches autour du cinéma amateur yougoslave. « La programmation n’est pas une programmation pour élire les meilleurs films, mais pour faire part de notre propre réflexion sur ceux-ci, rajoute Hélène Bez. En cela, nous nous sentons très proches de la démarche libertaire d’un collectif comme Doplgenger. » Au menu de cette douzième édition, le spectateur curieux pourra par ailleurs assister aux cartes blanches offertes à Peuple et Culture d’une part, structure phocéenne particulièrement active, souvent citée dans ces colonnes, et au live de Denis Cartet, autre Marseillais que l’on ne présente plus, aux commandes de Digital Borax, accompagné ici par Mister Frac. Le tout agrémenté d’installations vidéos et d’expositions, à l’instar du travail de Samuel Bester et Sophie-Charlotte Gautier à l’Espace Culture, ou des œuvres imposantes de Julien Chesnel, peintre possédé et brillant, dont les portraits extatiques ou funéraires, selon les angles, couvriront les murs du Théâtre des Chartreux, prolongeant le plaisir extrasensoriel que procure une soirée en compagnie de l’équipe d’Images Contre nature.

Texte : Emmanuel Vigne
Photo : 
Transimage du duo Doplgenger

Du 10 au 14/07 au Théâtre des Chartreux (105 avenue des Chartreux, 4e).
Rens. 04 91 42 21 75 / 
www.p-silo.org

 

Zibeline n°54 du 18 juillet au 18 septembre

 

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Le monde respire par ses plaies

«Mon présent n’a plus de survivants. Ils sont tous morts, les hommes, les femmes de mon enfance. Les chiens aussi. Tous, mon sang. Tous.» Repas de morts a été l’une des révélations de la dernière rentrée littéraire. Prose hallucinatoire, syncopée, syntaxe mise à mal, ce «bal des revenants» n’en finit pas de hanter. Dimitri Bortnikov était l’invité de Peuple et Culture Marseille jusque mi-juillet, premier temps d’une résidence d’écrivain qui se poursuivra à l’automne prochain. Rencontre avec un auteur captivant, déroutant, qui déploie ses images à mi-voix et qui, quoiqu’il écrive «J’ai rien à faire là», est bien ici et maintenant ; à «rôder dans la ville pour percer le sac du réel» ; pour «trouver la vraie plaie du monde plutôt que de mettre les doigts sur les pansements» ; pour «la voir, la dire et rester à côté

 

Zibeline : Repas de morts est votre 2ème roman écrit directement en français. Pourquoi ce choix linguistique ?

Dimitri Bortnikov : Je me suis installé en France en 1998. Je me suis retrouvé comme un fiancé qui a pris trop de somnifères et qui se réveille après plusieurs années de sommeil à côté de sa fiancée française. Alors, je me suis mis à écrire en français.

 

 

Votre prochain ouvrage, à paraître en octobre, s’intitule Je suis la paix en guerre. Il s’agit d’une traduction. Aimez-vous le métier de traducteur ?

Le traducteur est une sorte de Cyrano de Bergerac qui sait qu’il ne peut pas être aimé et que tout est perdu. Il n’est que le passeur, le seul à être visible et le seul qui doit être invisible. Comme St Christophe quand il porte le Christ…

 

Vous avez traduit du slavon (russe moyen) les lettres d’Ivan le Sévère dit le Terrible. Est-ce vous qui les avez choisies ? Et pourquoi vous intéresser à cette figure de tsar sanguinaire ?

C’est moi qui les ai sélectionnées. Yvan le Terrible est un écrivain raté, mais un grand écrivain. Et en même temps un criminel. Qui cherche à savoir comment sa violence se déchaîne, et non pourquoi. Qui est à la recherche de son innocence, de l’enfant vivant en lui. J’essaie ni de le défendre, ni de le disculper, mais de le déterribiliser. Il y a une forme de parenté entre sa démarche et la mienne. Dans cette quête de rédemption et de vision double, pour essayer de voir juste.

 

Votre choix de lettres est d’ailleurs suivi d’un texte de vous intitulé Les tombeaux ouverts.

C’est une postface ; une sorte de petite fenêtre dans le palais sombre d’Yvan le Terrible, par laquelle on peut observer ce qui se passe sans la fascination. Car ses lettres sont fascinantes ; une fois qu’on les a commencées, on est pris.

 

Votre résidence à Marseille vous permet-elle d’avancer dans vos projets d’écriture ?

Oui, je continue un gros livre, très dense, qui pourrait être une sorte de «dessert de morts». Je l’ai intituléFace au Styx, mais j’aime bien l’appeler «Fesses au Styx et queue au Paradis» ! À côté de cela, je participe à des rencontres, j’anime des ateliers d’écriture, que je poursuivrai à l’automne. En octobre-novembre prochains, je dirigerai aussi des ateliers de traduction avec des lycéens marseillais. Entre autres…

 

Propos recueillis par FRED ROBERT

Juillet 2012

 

À lire : Repas de morts, Allia, 9 €

À paraître : Je suis la paix en guerre, Allia

 

 

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