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Musique, on tourne !

20 février 2010 de 18h00 à 27 février 2010 de 23h59


#1

Captation live, bande originale, clip, portraits de musiciens, biopic, leçon de musique, ciné-concert, interprétation d’une pièce conçue spécialement pour l’objectif de la caméra, le cinéma et la musique entretiennent indéniablement des rapports très étroits. Et partagent parfois une même volonté : celle de faire voir et entendre la fureur des mouvements protestataires qui secouent à intervalles plus ou moins réguliers les modèles dominants, bousculant au passage hiérarchies et catégories esthétiques trop bien installées. Il arrive qu’un mouvement musical soit le signe avant coureur qui précède ou accompagne l’émergence de révoltes sociales. Malgré bien des aspects funèbres (drogues, morts et zombies en pagaille), le punk, avec sa rage et sa violence, en est un exemple cinglant. Car le no future exprime aussi le rejet des politiques économiques conservatrices et ultra-libérales qui, via l’Angleterre et les Etats-Unis, cherchent à s’imposer comme la seule marche (ou crève !) à suivre. Surtout, et c’est là sa principale force de subversion, le mouvement punk montre que d’autres formes de vie (économiques, politiques, humaines) et d’autres circulations (artistiques, collectives) restent possibles, à l’opposé des figures et des formats imposés par les modes d’organisations sociales, les médias ou l’industrie culturelle et musicale.

#2

S’il est difficile d’envisager un film sans musique c’est que celle-ci y ouvre à une dimension poétique. Articulé autour du jazz (sur son registre free ou improvisé), cette question sera au coeur du deuxième programme. Souvent la musique sert l’image, elle l’accompagne, renforce le récit ou lui en superpose un nouveau. Souvent la musique transforme l’image, lui donne du sens, du rythme et de la profondeur. Parfois le cinéma se retourne sur elle et tente à son tour d’être musical. Mettre la musique en image, écouter sa poésie, et regarder ces hommes et ces femmes qui la font. La singularité tout à coup surgit. Des personnages apparaissent, des perspectives s’ouvrent à nous. Un champ de métaphores nouvelles s’offre au cinéma. Lorsque l’image sert la musique c’est notre regard sur le monde qui se trouve transformé. Le musicien apparaît très souvent à la caméra comme une énigme, limpide et insondable. Comme si l’essentiel résistait à se montrer. Il est vrai que la musique est invisible. Le défi est de taille. Mais c’est peut être dans ce qui résiste à l’image, dans cet écart que le sens advient. La singularité de ces musiciens brise nos habitudes et change nos perceptions. Cette poésie n’est pas divagation, mais est profondément politique en tant qu’elle questionne l’individu dans son rapport au monde, dans sa manière de l’entendre.


DOA de Lech Kowalski (USA/1980/89 min)

Documentaire sur l’unique tournée américaine des Sex Pistols en janvier 1978, D.O.A est un témoignage ravageur sur les dernières années d’un mouvement de révolte dont la puissance tellurique et fantasmatique a fait trembler bien des fondations (sociales, politiques, économiques, artistiques), ce que montrent très bien les choix de mise en scène et le montage sec et nerveux du réalisateur Lech Kowalski.. Certains « acteurs » s’y sont brûlés les ailes, comme le bassiste overdosé du groupe Sid Vicious ; d’autres ont survécu sans rien renier en expérimentant de nouvelles voies (The Ex en est un parfait exemple). Mais DOA (à la B.O. impressionnante) n’est pas qu’un document rare sur les concerts de bruit et de fureur d’un groupe « culte » et l’on aurait tort de réduire le film à ce seul évènement. En parallèle, en effet, le cinéaste s’attarde longuement sur la vie quotidienne d’un jeune anglais qui désire monter à son tour son propre groupe – et ils ont été à l’époque un certain nombre à le faire sans tabous ni trompettes ! – pour échapper à une voie toute tracée, grise, ennuyeuse, sans éclats. C’est de cet entrelacement, de cette perméabilité entre ces deux univers que DOA tire toute sa puissance fictionnelle et sa charge émotionnelle.

Né à Londres de parents polonais, Lech Kowalski a grandi dans différentes villes des Etats-Unis. Étudiant, il rencontre Shirley Clarke, l’une des figures du cinéma indépendant qui l’influencera beaucoup. Il débute en cadrant des films pornos qui inspireront ses deux premiers films, Sex Stars et Walter and Cutie. Proche du milieu underground new yorkais, il devient un témoin essentiel de la naissance du mouvement punk dans les années 1970, illustrée notamment par D.O.A. son documentaire sur la tournée chaotique des Sex Pistols aux États-Unis. De retour en Europe, il conçoit une trilogie intitulée The Fabulous Art of Surviving : The Boot Factory en 2000, On Hitler’s Highway

en 2002 et East of Paradise en 2005, primé à Venise. Son dernier projet, Caméra Work, a été conçu et réalisé pour le Web.

The Ex in Beautiful Frenzy de Christina Hallström et Mandra U. Wabäck (Pays-Bas/2004/52 min)

Groupe de rock basé à Amsterdam, la plupart des membres de The Ex n’avait jamais touché d’instruments lorsque déferle la vague punk à la fin des années 70. Ils décident alors de tout abandonner pour faire à leur tour de la musique. Le groupe, qui émerge en 1979 dans le circuit underground, occupe aujourd’hui une place essentielle dans la communauté des « musiques indépendantes ». Sur le versant créatif d’une part, en croisant les registres musicaux et en multipliant les collaborations avec les grands noms de la scène post-punk et free jazz (ou ces dernières années en se tournant vers le continent africain, notamment l’Ethiopie). Sur le plan économique et politique d’autre part, en choisissant de s’autoproduire pour ne dépendre financièrement d’aucun groupe de l’industrie musicale ou du divertissement, et proposer concerts et albums à des prix accessibles au plus grand nombre. Les deux réalisatrices, qui ont suivi le groupe pendant deux ans, montrent dans ce documentaire comment le mouvement punk est pour The Ex plus qu’un choix musical : une véritable et solide forme de vie ; une expérience sensible et politique sans cesse à penser, à reformuler et à construire collectivement.

Diplômée de l’Académie Gerrit Rietveld d’Amsterdam (Pays-Bas), Christina Hallström est artiste visuelle et réalisatrice de documentaires. Depuis 2004, elle travaille conjointement comme graveur et artiste/manager à l’Atelier Grafisch Amsterdams (AGA). Elle s’est depuis spécialisée dans la sérigraphie et l’impression grand format numérique.

Mandra Wabäck est diplômée de l’École suédoise de la photographie. En 1994, elle étudie à Amsterdam à l’académie Gerrit Rietveld où elle obtient son diplôme de cinéaste/artiste visuelle. Elle décide alors de continuer sa formation de réalisatrice et obtient le diplôme de l’Académie du cinéma et de la télévision des Pays-Bas en 2001.

Don Cherry de Jean-Noël Delamarre, Natalie Perrey, Philippe Gras, Horace Dimayot (France/1967/16 min)

Peu montré, ce film déambulatoire met en scène le trompettiste Don Cherry, compagnon d’Ornette Coleman et précurseur de la world-music, récitant un de ses poèmes et jouant dans différents sites parisiens comme Notre-Dame ou le Louvre. Entre documentaire et affabulation, Don Cherry n’est pas exactement un portrait du musicien mais plutôt une mise en évidence limpide et ludique des pouvoirs du jazz quand il est le gage d’une totale liberté.

Sagesse, amour, vérité ancestrale… Space is the place !

Nathalie Perrey est comédienne et technicienne. Elève au cours Raymond Girard elle doit renoncer, pour une question d’âge, à se présenter à l’examen d’entrée du Conservatoire national d’art dramatique et entame rapidement une carrière de danseuse. Devenue ensuite monteuse, script-girl et costumière, elle collabore à partir des années 1960 à diverses réalisations de Jean-François Davy (pour lequel elle oeuvre également comme co-scénariste ou adaptatrice), Jean-Pierre Mocky ou F.J. Ossang. En 1969, peu de temps après avoir pris part aux Etats généraux du cinéma consécutifs à l’Affaire Langlois, elle entame un long compagnonnage professionnel avec Jean Rollin dont elle devient, peu à peu, l’éminence grise. C’est également lui qui la fait débuter comme comédienne à l’écran.

Devenu photographe professionnel après ses études à l’Ecole Supérieure des Arts Graphiques de Paris (Ecole Estienne), Philippe Gras travaille au sein du Studio Georges Véron, spécialisé dans la photo de mode. Parallèlement, dès 1964, il consacre ses soirées à des reportages sur les concerts de jazz et de musique contemporaine, au théâtre et à la danse moderne. Bientôt il se lance dans une carrière d’indépendant, collaborant avec des revues musicales et de nombreux magazines situés à la pointe de la création artistique de l’époque, en particulier Actuel et L’Art Vivant.

Siegfried Kessler A love secret de Christine Baudillon (France/2004/ 56 min)

Siegfried Kessler, pianiste de jazz hors normes, vit depuis plus de vingt ans à la Grande-Motte sur un voilier de course. Son bateau c’est toute sa vie, c’est son amour. Si Kessler est un grand marin, il est aussi un très grand pianiste de jazz, tout entier musique. Les touches noires et blanches de son clavier vibrent et grondent comme un nuage d’argent qui déverse sa fureur. Kessler prend la mer autant que possible, c’est un fou du grand large, mais « on n’est pas fou quand on trouve un système qui vous sauve ». Ce portrait filmé, une improvisation libre en forme de huis clos, a été tourné pendant plus d’un an par Christine Baudillon.

Christine Baudillon entre en 1990 à l’Ecole supérieure des Beaux-Arts de Marseille où elle pratique surtout la photographie. Puis elle commence à filmer en super 8 et en vidéo. De 1998 à 1999 elle fait partie de la première promotion du Fresnoy (Studio national des arts contemporains à Tourcoing). Elle y réalise un film expérimental Sexless et le documentaire, Les Sidérantes. En 2001, elle entreprend avec le philosophe Philippe Lacoue-Labarthe l’écriture d’un scénario adapté de la nouvelle Lenz de George Büchner avec le philosophe Philippe Lacoue-Labarthe. La jeune réalisatrice montpelliéraine, qui se prête régulièrement à l’art du portrait, a réalisé en 2008 celui de la contrebassiste Joëlle Léandre.

Cecil Taylor à Paris de Luc Ferrari et Gérard Patris (France /1968/45 min)

En 1968 à Paris, Cecil Taylor, accompagné d’Alan Silva, de Jimmy Lyons et d’Andrew Cyrille, improvise à la recherche de thèmes et de variations. Ponctué par de courtes et rares répliques pince-sans-rire de Taylor sur son environnement familial ou son degré d’appartenance à une communauté musicale, le quatuor compose pour la caméra une musique libre, à l’opposé de toute forme donnée. « La passion est le but » déclare-t-il dans un poème de sa composition : Ambitus.

Né le 5 février 1929 à Paris et mort le 22 août 2005 à Arezzo en Italie, Luc Ferrari est un compositeur français. ll a réalisé des travaux qui s’écartent plus ou moins des préoccupations musicales pures, le problème étant d’essayer d’exprimer, à travers des moyens différents, des idées, des sensations, des intuitions qui passent ; d’observer le quotidien dans toutes ses réalités, qu’elles soient sociales, psychologiques ou sentimentales. Ferrari a commencé à composer dès 1946. Responsable musical à la Maison de la Culture d’Amiens de 1968 à 1969, il crée en 1972 le studio « Billig », modeste atelier d’électroacoustique. En 1982, il fonde l’Association « La Muse en Circuit » – studio de composition électroacoustique et de création radiophonique – puis en 1996 il construit son propre home-studio.

Gerard Patris crée au début de sa carrière professionnelle un atelier de lithographie à Paris. Ce métier lui permettra de rencontrer nombre d’artistes majeurs de l’après-guerre pour la réalisation d’estampes comme Dubuffet, Arman, Hartung ou encore Matta. Gérard Patris est le fondateur de « La Chesnaie Films », unité de production télévisuelle dont les ateliers étaient basés dans les wagons de la clinique de Chailles. Ses diverses rencontres avec des artistes du monde de la musique, de la peinture, de la sculpture ont composé la base de son oeuvre filmographique.

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