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LES CONTES DU QUOTIDIEN ? ATELIER D’ECRITURE SUR LE JOURNAL INTIME

8 décembre 2015 de 19h00 à 21h00

Dans un monde où les événements s’enchaînent à une vitesse frénétique, ou les média mainstream, les chaînes d’information en continu et les réseaux sociaux nous submergent de contenus prescriptifs en tout genre sur tout, quid de la parole personnelle, de l’opinion de chacun ? Comment se faire une place, prendre le temps de digérer ce flot ininterrompu d’événements ? Et quelle place surtout pour nos « vies minuscules » comme dirait Pierre Michon ? Comment penser, déconstruire, s’émouvoir, face à ces armées d’experts qui décryptent pour nous le monde chaque jour, dans toutes les disciplines, nous disent ce que nous devons manger, porter, dire, penser, aimer, croire ?

Pour faire de la place à ce « contre-récit » qui serait l’émanation de notre propre jugement, qui rétablirait notre libre-arbitre dans ses droits et nous laisse un peu le temps de « respirer », nous avons pensé à convoquer un genre littéraire considéré par certains comme un « genre mineur », par d’autres comme désuet, passé de mode ou trop « guimauve », réservé aux adolescents et aux « fleurs bleues » : le journal intime. Il convient de rappeler que de grands noms de la littérature universelle s’y sont prêté volontiers (Kafka, Kafka, Virginia Woolf, Pessoa, Simone de Beauvoir…).

Quoi qu’on puisse en penser, le Journal intime a au moins la vertu d’être le genre littéraire le plus « démocratique » et le plus partagé. Et si tout le monde n’a pas la chance de publier le sien, en revanche, aucune autorité éditoriale, aucun jury, ne peut vous empêcher d’en tenir un, quitte à être votre seul et unique lecteur.

Dans l’atelier d’écriture que je propose sous le titre : « Les contes du Quotidien », il s’agit de revisiter et de questionner la pratique du journal intime en s’interrogeant sur la notion d’ « intime » justement, comment rétablir l’intime, le « JE » dans ce fracas d’informations, l’intrusion des réseaux sociaux, des grands moyens de communication, dans notre vie la plus confidentielle ?

L’exercice, en l’occurrence, reposerait sur plusieurs pistes. Ça peut être un exercice de « diariste » stricto sensu, qui consisterait simplement à noter les événements vécus à sa propre échelle, sa part propre de réel, en somme, sa propre histoire, et de voir comment, mine de rien, le « merveilleux » peut surgir rien qu’en laissant « refroidir » ce moment « anodin » décrit tantôt, et qu’avec l’action du temps, l’évènement ainsi narré peut soudain se parer de préciosité.

Une autre facette de l’atelier consiste à voir comment, à partir de points de vue épars, en l’occurrence ceux des participants, on pourrait construire un récit collectif en confrontant nos récits individuels sur un même événement. Ici, l’idée est d’explorer le rapport entre la petite et la Grande histoire, de voir comment les grands événements qui fondent notre destin collectif s’impriment dans notre esprit et dans notre conscience, et quel effet laissent-ils, comment sont-ils interprétés au gré de nos sentiments et de notre vision respectifs ?

Enfin, il y a possibilité aussi d’explorer les réseaux sociaux comme espace où se croisent l’intime et le collectif dans une grande chaîne interactive : en partageant souvenirs happés sur le vif, commentaires de l’actualité, impressions de lectures ou de films, feedback après un événement commun (sortie, manif ou incident traumatique…), il serait intéressant de voir comment cette mise en parole fonctionne, et comment se construit la mémoire collective sur de l’instantané et de l’éphémère. Je propose une petite expérience sous le titre « Conte Twitter » (a Twitter Tale) où on pourrait s’amuser à écrire ensemble de petits bouts de phrases de 140 signes ou 140 mots sur le modèle du cadavre exquis, à partir d’un évènement donné. On verra alors combien, très souvent, le personnel et le collectif sont « intimement » liés.

Mustapha Benfodil

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