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Lech Kowalski, cinéma enragé

12 décembre 2008 de 0h00 à 13 décembre 2008 de 23h59

Lech Kowalski, cinéma enragé

La route, l’errance, la marginalité, la pauvreté, la drogue ou encore la musique sont quelques uns des thèmes qui reviennent régulièrement dans les films de Lech Kowalski, l’un des cinéastes les plus importants de sa génération.
En digne héritier du cinéma direct et du cinéma indépendant américain, ses documentaires sont marqués par l’urgence, portés par un montage en forme d’associations nerveuses qui ancre chaque film dans un contexte social et politique bien plus large qu’il n’y paraît de prime abord. Enregistrer les choses telles qu’elles adviennent, sans juger, telle est la posture centrale d’une œuvre poignante profondément enracinée dans les agitations de la vie ; une œuvre violente et libre traversée par des forces et des désirs détachés de toute tutelle autoritaire, en lutte constante contre tous les déterminismes.

 

vendredi 12 décembre

20h The Boot Factory (2000, 1h28)

Premier volet de la trilogie par laquelle Lech Kowalski renoue avec ses racines polonaises. Dans un minuscule atelier de la banlieue de Cracovie, une bande de cordonniers punks crée, comme un groupe de rock, une entreprise qui fabrique quatre-vingts paires de boots par semaine. Couturés, tatoués et piercés, ils ont tous connu leur part de galères, de la prison à la toxicomanie. Mais la philosophie punk du "Do It Yourself" les a poussés à tenter de s'en sortir par eux-mêmes. Leurs chaussures cousues main deviennent rapidement un phénomène culturel. Dehors, une Pologne en noir et blanc vivote sous la neige. Pour se réchauffer, la bande improvise parfois de petites fêtes keuponnes avec des musiciens, des amis et beaucoup de bière. Face à l’augmentation du prix du cuir et des semelles, une question se pose rapidement : pour survivre, faut-il se moderniser ou rester artisanal ? Chronique en noir et blanc au plus près de la vie de marginaux qui luttent pour se forger un mode de vie autonome dans la Pologne post-communiste.

 

samedi 13 décembre

20h East of Paradise (2005, 1h50)

Dernier volet de la trilogie décliné sous la forme d’un dyptique. Dans la première partie du film, la mère du réalisateur raconte pour la première fois à son fils les souffrances endurées lors de sa déportation par les Soviétiques pendant la Seconde Guerre mondiale. La deuxième partie voit Lech Kowalski raconter sa vie de cinéaste dans le New York de la drogue, du porno et du punk des années 70 et 80, sur un montage de fragments et de rushes non utilisés de ses films. Une mise en regard bouleversante qui donne à penser de manière inédite, et parfois troublante, les questions de la survie.

Prix du meilleur documentaire à la Mostra de Venise en 2005

 

Lech Kowalski

Né en 1951 à Londres, installé avec ses parents quatre ans plus tard aux États-Unis, Lech Kowalski suit des cours à la Manhattan’s School of Visual Arts. Pour les payer, il devient cadreur pour des films pornographiques. C’est à cette occasion qu’il plonge dans l’underground new-yorkais. Il s’en suit une suite de collaborations, notamment avec la cinéaste Shirley Clarke, le vidéaste coréen Nam June Paik ou encore Tom Reichman, auteur d’un film bouleversant sur le jazzman Charlie Mingus. Il devient alors un témoin essentiel de la naissance du mouvement punk dans les années 1970, illustré notamment par  D.O.A., documentaire sur la tournée chaotique des Sex Pistols aux Etats-Unis. Après une série de films de commande sur l’histoire du Rock, Lech Kowalski s’installe en France en 1999 où il réside depuis. Il commence à travailler sur sa trilogie dédiée aux pays de l’Europe de l’Est, “The Fabulous Art of Surviving”, dont nous montrons ici le premier et le dernier volets. Lech Kowalski a créé cette année le site internet “Caméra War” où il met en ligne chaque semaine des “chapitres-films” qui sont accompagnés d’un blog ouvert à tous commentaires et/ou propositions audiovisuelles. En résonance avec cette proposition, un long métrage devrait être écrit, réalisé et distribué en salle. Une nécessité, pour Lech Kowalski, « d’inventer une nouvelle façon d’organiser le réel ».

 

Filmographie sélective

  • Sex Stars, 1977
  • D.O.A. : A Right of Passage, 1981
  • Gringo (Story of a Junkie), 1985
  • Rock Soup, 1991
  • The Boot Factory, 2000
  • Born to Lose (The Last Rock and Roll Movie), 2001
  • On Hitler’s Highway, 2002
  • Camera Gun, 2003
  • East Of Paradise, 2005
  • Winners And Losers, 2007

 

A propos de The Boot factory

« Une fois accoutumé au tangage visuel, une fois qu'on a capté de quoi il retourne — ça prend du temps, il n'y a pas de commentaire explicatif—, on y prend goût, on s'attache à ces êtres frustes, ex-taulards, ex-drogués, qui vendent et fabriquent des croquenots orthopédiques dans un pavillon de banlieue, en collant des semelles compensées avec une colle qu'ils pourraient sniffer, en écoutant à donf des hymnes punk-skin, en polonais dans le texte. C'est aussi ça, la force du cinéma : rendre humains et émouvants des êtres dont, a priori, nous n’aurions pas une folle envie de faire la connaissance. »
Vincent Ostria, Les Inrockuptibles

« Résoudre l'équation “Implication dans la société et préservation de ses différences” n'a rien d'évident. Ou com­ment être à la fois dans et en dehors des normes, travailler pour gagner sa vie tout en continuant à écluser des litres de bière et à se shooter. Le cadre et le montage des images vibrent en accord avec la musique punk-rock qui envahit l'atelier le jour, et les fêtes la nuit. “The Boot Factory” est la rencontre punching-ball et compréhensive de deux cultures alternatives. Celle de jeunes Polonais qui tentent d'allier le sérieux et le destroy, et de Lech Kowalski, réalisateur anglais d'origine polonaise, américain d'adoption, devenu l'un des chefs de file du cinéma underground US. »
Cécile Maveyraud, Télérama

 

A propos de East of Paradise

Dernier volet d’une trilogie par laquelle Kowalski renouait avec ses racines polonaises, “East of Paradise” est à ce jour le film nodal de son œuvre, une tentative de faire le bilan d’une vie engagée dans ce monde, dans cette époque, d’en peser le sens et l’héritage. Ce sens, Kowalski le noue en articulant deux mouvements dont le rapprochement a, chez certains, suscité la même indignation stupide que celui, osé en son temps par Duras et Resnais, de la destruction d’Hiroshima et du drame intime d’une jeune Française. Le monologue de la mère compte, avec ceux de “Shoah”, de “Numéro zéro” ou du récent “Chronique d’une femme chinoise” de Wan Bing, parmi les plus puissants récits oraux de l’histoire du cinéma.  (…) Il [Le récit] laisse sa mère bouleversée et sonnée par la puissance des images que sa parole a fait lever. Kowalski prend le relais, commence à la première personne le récit de sa vie, le visage en larmes de sa mère cédant le cadre aux gestes routiniers d’un junkie préparant son shoot du matin, accompagnés d’un jazz désinvolte. (…) Leçon d’histoire, acte de mémoire, autoportrait, poème musical, brûlot libertaire, requiem : “East of Paradise” ouvre grand la fenêtre du documentaire.
Cyril Neyrat, Les Cahiers du cinéma

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