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Cet rendez-vous est passé

Finir de compter les heures qui restent *

18 mars 2016 de 18h30 à 23h59

Samira Negrouche @Olivia Snaije- Paris / Veronique Vassiliou

Au programme

Seuil dynamique (à paraître aux éditions Fidel Anthelme X) de Samira Negrouche

let it go diraient certains
je ne suis certaine de rien
traduire dans la voix
traduire dans the gestures
traduire dans le corps
je pense aux sourds
ils n’aiment pas qu’on parle de leur langue
comme d’une traduction dans le corps
oui le corps est fusion dans le langage
le corps est langage
mais la langue n’est pas danse n’est pas musique
n’est pas theater n’est pas gustative
elle est sans doute
et parfois c’est juste une autre langue
greffée dans la langue

des textes en chantier. 
 

Jam jam de Véronique Vassiliou (Argol, 2016)

Après l'almanach Vassiliou, un travail du calendrier, structuré en 12 (syllabes, rubriques, mois, etc.), voici Jam Jam où l'on court contre la montre par tous les temps.

Fidèle à ma théorie du « yellow sub-réalisme »1, je me suis appliquée à démonter l'horloge et à en mettre à plat son mécanisme, façon patron de couture. Je l'ai ensuite remontée et les aiguilles ont alors suivi un rythme aléa-ondulatoire.

Le temps, c'est l'un des enjeux de la littérature. Ici, il en est le motif.

Monsieur Gide, où en sommes-nous avec le temps ?” demande Arthur Cravan à André Gide qui répond qu'il est six heures moins un quart. Arthur Cravan se lève et s'en va.

Jam Jam, c'est un maintenant dès maintenant, une suite d'à l'instant saisis au vol. Une jam succession où tous les temps s'accordent au présent. Des polaroïds légendés où le sablier est la figure idéogrammatique du je du texte.

Avec la rude contrainte de l'écriture en différé, ce fut aussi un moyen de la conjurer : écrire sur le temps quand on manque de temps pour écrire. S'en sont mêlées les mathématiques. Chaque jour, j'ai cherché la formule T au double sens algébro/littéraire. Petite forme, signe/mot figurant la complexité du temps décortiqué comme un sujet d'expérience. De simples sommes (+++), mes “opérations” se sont brouillées jusqu'à devenir des formules en extension2. D'un total, j'ai dérivé vers un temps T, produit de la conjugaison de deux temps : celui de la date, celui du corps du texte.

Jam Jam est aussi une suite d'opérations dont le résultat (la légende?) est cette formule T. Elles forment une structure répétitive phonique et visuelle, hybride de littérature et de mathématiques. « Ainsi créant pour la morale une espèce d'algèbre, je vais tâcher de vous rendre mes sentiments sous une expression simple et pour ainsi dire formulique » écrit Balzac, dans sa correspondance. Jam jam est une tentative possible de conversion du temps. Sa formulation sérielle en est la dérive.

Où l'on trouvera encore de l'espace, une fusée, du polar déchiqueté et aussi un peu de cuisine.

Ce livre donnera lieu à une partition entrelacée à trois voix-temps, celle des jours, des mois et des formules.

1-La poésie se niche dans l'infra-ordinaire, le quotidien décortiqué, à mi-chemin du documentaire. Elle avance masquée, post-objectiviste et sous ses airs légers et colorés, elle mine la littérature.

2-cf. Movies. http://librairie.publie.net/fr/ebook/9782814502604/movies

* Moins Un / Samira Negrouche Alger 2010

 


Samira Negrouche est une voyageuse multiple attachée à deux ports : Alger et la poésie. Après un premier recueil publié à l’âge de vingt ans aux éditions Barzakh, elle en jette quelques-uns, se nourrit de poésie contemporaine jusque-là inaccessible. Suivront L’opéra cosmique et à l’ombre de grenade en 2003 qui marquent un virage net. 

A l’aube des années 2000, le paysage littéraire algérien est balbutiant, elle a le souci de faire acte, fonde l’association Cadmos avec le désir d’une ouverture vers la Méditerranée, la poésie contemporaine et l’interdisciplinarité. En 2010 et après de nombreux événements, festivals et rencontres et face à une cacophonie grandissante de la scène culturelle, elle décide de faire acte de silence et dissout l’association.

Elle a également coordonné le printemps des poètes des instituts français d’Algérie entre 2007 et 2012 en faisant un rendez-vous incontournable et de plus en plus populaire. Membre du comité international du festival voix de la Méditerranée de 2008 à sa disparition en 2015, elle y a traduit de nombreux poètes arabes, y a présenté le rendez-vous matinal Garçon ! un poème et les entretiens radiophoniques Un poète, Une voix.

Née dans un environnement multilingue et considérant avoir trois langues maternelles, c’est très naturellement qu’elle se dirige vers la traduction. Elle traduit depuis une quinzaine d’années des poètes contemporains de l’arabe et de l’anglais vers le français, sa seule langue d’écriture.

Elle-même traduite dans plus d’une quinzaine de langues, elle y est publiée en volume, en livres collectifs ou en revues.

En dialogue depuis plusieurs années avec la poète et traductrice américaine Anna Moschovakis, elles ont présenté une partie de leur travail à l’automne 2015 à Pratt institute et Columbia university. Flat white est la première partie de leur collaboration qui paraît ce mois de mars aux USA. Elle est en résidence  à la Fondation Saint-john Perse ce printemps 2016 à Aix-en-Provence.

Auteure de livres de poésie, d’essais, de textes en prose ou de textes pour le théâtre ; parmi ses publications:  Iridienne (2005) Cabinet Secret (2007) et Le Jazz des oliviers (2010). Les langues, les frontières mais aussi l’interdisciplinarité tiennent une part essentielle dans son cheminement d’écriture.

A lire Africultures / Pourpoésie

Dans les triangles superposés de mes langues, j’écoute le Chaâbi, les percussions africaines et la voix de ma grand-mère ; je les écoute et les dissous dans la structure invisible de la mémoire. Ne les écoute que qui écoute attentivement. Je ne me force pas à parler de mon olivier, je ne me l’interdis pas non plus. Pas même que je m’interdis Stravinsky.

Qui donc parle pour les ancêtres ? C’est aujourd’hui la seule question qui m’interpelle. Qui en plus de ce qui me parvient en conscience parle de ce qui ne nous est pas parvenu ? La mémoire complexe des musiques souterraines est la voix toujours tenace et vibratoire des ancêtres. Eux ne se demandent pas si tu passes par le grec ou le latin, leur racine a changé de structure. Tu es seul à pouvoir entendre une part de ce qu’ils te transmettent, ton oreille construite de la distance des Ailleurs entend.

Je creuse dans le poème avec le souci de ces musiques souterraines, le silence est relief et mes ancêtres n’ont pas de frontière.  

Extrait de Qui parle, Samira Négrouche in Po&sie – spécial Afrique (mars 2016)

Véronique Vassiliou est poète et critique. Vice-présidente du CIPM, conservatrice des bibliothèques, elle collectionne, archive, assemble, observe, aligne, bricole, fabrique, monte…


Les livres de Véronique Vassiliou, qu'ils empruntent à la fiction, au scénario, au récit de voyage, à la méditation esthétique ou à la tentative autobiographique, ont en commun de détourner, au sens fort du terme, la langue du réel. […] Tous ses ouvrages s'imposent comme des mises au point d'une technique qui vise à sélectionner, monter, coller et recadrer l'infra-ordinaire pour sans cesse fabriquer du texte mélangé et broyé.[…] 

Poly-poète, poète polymorphe, Véronique Vassiliou croise le poème avec d'autres pratiques mnémographiques qui dynamisent la lecture, mixte entre un voir et un lire qui électrise notre rapport au texte, fruit d'une pensée visuelle et d'une recherche sonore…  Anne Malaprade : "Véronique Vassiliou, Poésiefiction" in Douze poètes, anthologie critique et poétique, vol. 2. Prétexte éditeur, juin 2006

Publications

• Jam Jam. Argol, 2016

• Rose & Madeleine (avec Fabienne Yvert). Réédition, Le Tripode, 2014

• Echantillons. Bleu du ciel, 2013

 

• N.O. Le détournement, traduction en anglais et postface de Louis Armand. Vlak Intineraries, 2013. https://vlakitineraries.wordpress.com/2013/12/25/veronique-vassilou-n-o-le-detournement/

 


• L’almanach Vassiliou. Argol, 2009.


• Le petit Vassiliou ménager illustré. Contre-pied, 2007.

• Rose & Madeleine (avec Fabienne Yvert). Harpo & L'arbre, 2006. 

• Le + et le – de la gravité. Comp’act, 2006

• Le Coefficient d’échec. Comp’act, 2006 (édition revue et corrigée).


(Ces deux livres complètent la trilogie inaugurée par N.O., le détournement, Comp’act, 2002).


• Une petite nappe verdâtre mal découpée. Contre-Pied, 2004.


• N.O. Le détournement. Comp’act, 2002.


• Le Coefficient d’échec. Voix éditions, collection “vents contraires”, 2001.


• Seuils. Harpo &, automne 2000.
• Appellation Contrôlée, Fidel Anthelme X, janvier 2001.


• Je dans quelques uns de ses états. Édition des petits livres, 2000.
 (réédité in Fabienne Yvert. Télescopages, Tripode, 2010)


• Une si sale Lumière. Éd. du Rouleau Libre, livre peint par Joël Leick, 1998.


• Comment, en noirs. Les Cahiers éphémérides, T. I, fasc. 4. Avril-juin 1998.


• N.O., le détournement (extrait). Éditions Contre-Pied, septembre 1998.


• Le passage (reprises), livre manuscrit, peint par Anne Slacik, 1995.

• Je touche du bout du doigt. avec Jean-Marc Scanreigh, diptyque, gravures sur bois. 1994.


• Deux. Atelier des Grames, 1993.


• La Voix. La Main courante, accompagné de gravures d’Anne Slacik, 1992.


• Geste 8 et 5. Messidor, 1991.


 


Autres :

 


•  Le Voyage d'Angèle, journal. Collection Beaux-Arts de Metz (dirigée par Richard Meier). Atelier édition, 2002

• La boîte d’Angèle Basile-Royal conservée par Véronique Vassiliou, Les sauvages éditions, mars 2001 

En anthologies :

Muriel Seauve. Les Cahiers éphémérides, anthologie. 2015 (à paraître)

Jean-Michel Espitallier. Sac à dos, une anthologie de poésie contemporaine. Le Mot et le reste, 2009

Alain Hélissen. Vents Contraires Force 18. Voix éditions, 2008

Alan Dent. When the Metro Is Free: An Anthology of Contemporary French Counter-Cultural Poetry. Smokestack Press, 2007.

Douze poètes, anthologie critique et poétique, volume 2. Prétexte éditeur, 2006

Pascal Boulanger, Une "Action Poétique" de 1950 à aujourd'huiL'Anthologie. Flammarion, 1998

Dominique Grandmont, Le poète d'aujourd'hui 1987-1994. 7 ans de poésie dans l'Humanité. Maison de la poésie Rhône-Alpes, 1994

Liliane Giraudon et Henri Deluy, Poésies en France depuis 1960 : 29 femmes. Éditions Stock, coll. « Versus », 1994

Bruno Grégoire. Poésie aujourd’hui : aspect d’un paysage éditorial, enquête en collaboration avec Bernard Vargaftig et Jean-Marie Gleize. Seghers, 199

Textes, chroniques, articles

Depuis 1984, nombreuses contributions publiées dans :

 Action poétique, La revue x, Cahier critique de poésie (CCP), Europe, Le journal de la biennale internationale des poètes en Val de Marne, Action restreinte, Docks, Nioques, L'Humanité, Faire-Part, Procès, Jalouse pratique, Hi.e.ms, Lines review (Grande Bretagne), Atelier revue, Ralentir travaux, Raddle Moon (Canada), Cahiers éphémérides, Triages, IF, Le Cahier du refuge, Gommisti, Poésie/Express, Avis de passage, Le Cahier du refuge, The Prague revue, Cartel, CCCP review, The Germ, La R.I.M. (la revue de l’intervention minimale), Le Journal du Bout des Bordes, Boxon, La Polygraphe, Passage, Gare maritime, Hypercourt, OEI, Prétexte, Poésie-espace public, Talkie-Walkie, Res poetica, Poezibao, Sofa, etc.




Depuis 1991, nombreuses lectures et performances en France (Ritournelles, Voix de la Méditerranée, Biennale internationale des poètes en Val de Marne, Expoésie, etc.) et à l’étranger (Cambridge, Alger, etc.).

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