Du commun
21 mai 2015 de 19h00 à 23h59
Pourquoi un groupe de spectateur ?
Peuple & Culture, association d'éducation populaire, a fait le choix de ne pas avoir de direction artistique. C'est au sein d'ateliers collectifs, dans une démarche participative incluant les adhérents et les sympathisants, que se définit la programmation artistique. Les groupes de programmateurs/spectateurs se réunissent ainsi régulièrement pendant plusieurs mois et travaillent en profondeur une thématique. Ce processus doit aboutir sur une proposition publique dont le fond et la forme restent à définir.
En 2015, pourquoi le "commun" ?
Le cycle de projection imaginé avec Federico Rossin, initialement intitulé "conflits", nous a donné à voir des films qui, d'une manière ou d'une autre, ont abordé la question de la communauté. Ces communautés, ici religieuses, ont une approche du commun qui se présente comme restrictive, elle exclue celui qui est différent, ou celui qui ne souhaite plus suivre les règles. Sous une apparente tranquillité et une certaine douceur, le mollah d'"Iranien" ou le père d'"Un cœur battant" cachent en fait une grande violence qui peut se retourner à tout moment contre celui qui ne partage pas leur "commun". Aller au "commun" en partant du "conflit", c'est une manière d'entrer dans la réflexion, en lien avec les expériences des précédents groupes de programmateurs/spectateurs qui ont abordé la question du rapport au travail et celle des frontières.
Le commun s'impose à tous comme une obligation, un état de fait. D'une certaine manière, reconnaitre que nous n'avons pas d'autre choix que de vivre en commun, c'est déjà orienter le débat sur l'étape suivante, celle des règles qui vont définir cette vie en commun. Mehran Tamadon, le réalisateur d'"Iranien", en matérialisant cet espace commun (son salon) et en mettant en débat le règles de vie commune, s'expose à un rapport de force inégal, s'inscrivant dans une démarche que certains interprètent comme un échec.
La question du commun englobe un éventail très large de problématiques, partant de la sphère personnelle, presque intime, et allant jusqu'à des enjeux politiques de grande échelle. Le "commun" se pose à la fois comme une utopie, un idéal à atteindre, mais peut aussi s'envisager comme une contrainte, qui poussée à l'extrême peut s'apparenter à une forme de totalitarisme, faisant fi des singularités de chacun.
Mais au final, ce "commun" que l'on présente comme une nécessité, est-il produit par de la matérialité, ou bien représente-t-il une convergence de valeurs ? Ne confondons nous pas commun et collectif ? Y a-t-il un "bien commun", inappropriable, remettant en question la propriété, les biens publics et les biens privés ? Cette recherche de "commun" pose la question de l'universel, mais y a-t-il encore quelque chose qui nous réunit ?