Octobre 2020-Septembre 2021
Enjeux
Peuple et culture Marseille développe depuis 2006 un projet d’éducation populaire qui tente de déjouer les frontières des inégalités sociales et culturelles. Nous inventons des expériences sensibles et collectives de formation tout au long de la vie, en soutien aux organisations éducatives et sociales. Ouvertes à tous, ces propositions ont pour objectif d’outiller les participants d’un regard critique sur le monde qui les entoure et leur rendre un pourvoir d’agir afin que chacun s’invente une place de citoyen conscient et actif. En cohérence avec les enjeux de politiques publiques et les préoccupations institutionnelles récentes autour d’un développement chez les jeunes adolescents d’un regard aiguisé et critique sur la construction des médias d’informations, Peuple & Culture Marseille et plus largement l’union Peuple & Culture et ses membres, s’attèlent depuis un an et demi à développer un champ de pratiques et d’expériences et de définir des modalités de leur transmission et d’essaimage de ces pratiques et approches de l’éducation aux médias de l’information.
Nos ambitions dans le domaine de l’éducation aux médias sont :
- Transmettre une culture de la presse et de la liberté d’expression
- Eveiller le goût du développement d’un esprit critique : diversifier ses sources d’information et en étudier la fiabilité, apprendre à lire et décrypter l’information et l’image et se forger une opinion, dans le respect de celle des autres.
- Favoriser l’expression par la maîtrise des techniques de production et diffusion de contenus.
- Encourager une plus grande diversité des représentations médiatiques qui soient fondées sur une responsabilité et une éthique de la construction et diffusion d’information.
- Sensibiliser aux métiers du journalisme (à leur formation), aux choix et aux angles de vues des sujets traités.
Retours d’expérience sur l’année passée
L’éducation aux médias et à l’information participe d’une visée intrinsèque et de longue date de Peuple & Culture Marseille d’outiller les jeunes à développer un regard critique et actif face aux images et aux langages en général. Nos pratiques de l’éducation aux images, aux différents langages et médias d’information ou artistiques poursuivent des démarches communes qui trouvent appui sur les pratiques et représentations de chacun des participants. Ce faisant, nous travaillons à une mise en perspective de ce que les personnes savent vers l’objectivation de leurs propres connaissances. C’est ainsi que nous entendons amener les jeunes à une meilleure appropriations des savoirs. En ce sens, plutôt qu’une éducation aux médias au sens propre, nos pratiques de l’éducation populaire nous conduisent moins à former un regard sur les médias qu’à construire un dialogue réflexif sur les pratiques de chacun et ce dans une approche collective. Si nos ateliers proposent une ouverture sur des formes inconnues de médias de l’information, nous incluons et questionnons également les pratiques de chacun, vers la construction d’une intelligence critique et collective sur les médias.
Des Ateliers collectifs : analyse critique collective et démarche d’investigation de terrain
Dans le cadre de cette résidence de journaliste, notre projet consiste à proposer à des jeunes de 11 à 13 ans hors temps scolaire, un parcours au long cours qui articule sensibilisation et expérimentation de la fabrication des langages journalistiques. L’atelier est une approche des différentes constructions d’informations auxquelles sont exposés les jeunes d’aujourd’hui et de leur donner les moyens d’expérimenter la démarche de journalisme d’investigations. Il s’agit par ailleurs de se pencher en filgranne sur les conditions de fabrication de ces informations. L’économie du journalisme jouant un rôle important dans la manière de traiter les informations.
Déroulé des ateliers
Les deux groupes se réuniront sous les modalités suivantes. Ils seront animés par la médiatrice culturelle de Peuple et Culture Marseille et un.e journaliste de Marsactu. Chacun des groupes alternera entre travail d’analyse et critique de la construction des médias de l’information et travail de terrain dans la construction d’une investigation.
16 SEANCES D’ATELIER, LES MERCREDIS APRES MIDIS ENTRE MARS ET JUIN. DONT UN TEMPS FORT DE PLUSIEURS APRES-MIDI, PENDANT LES VACANCES SCOLAIRES DU MOIS D’AVRIL
Les ateliers mêlent deux approches :
Exemple de questionnements abordés dans ce cadre :
Quelles pratiques des médias ont-ils ?
Comment regardent-ils une image, un texte ? Quelles questions pose une image ?Quels sont les médias qu’ils écoutent, regardent, lisent ? Comment la mêmeinformations est-elle traitées, selon quelles orientations, quelles points de vue ?La guerre des chiffres : Quelles interprétation différentes par rapports aux mêmes statistiques ? Comment les chiffres font ils parler ?
Info ou intox ?
Les théories du complot et l’importance de vérifier les sources. Introduction des notions de point de vue, de subjectivité/ objectivité. Exercice pratique de recherche de différents points de vue sur un sujet précis en confrontant des sources audio-visuelles différentes. Les jeunes sont invités à faire des recherches, afin d’identifier la source de l’information (site parodique, complotiste, obédience politique, etc.). Analyser la construction de l’info avec des recherches que les données disponibles : noms de lieux, dates ; personnes. Examiner ce qui accompagne l’information : images, vidéos, sons, etc. Être attentif aux détails sur une image et au rapport construit entre texte, information et image.
Le rapport à l’intime.
Bref historique des genres audio-visuels et leurs rapports à l’intime. Les photos/vidéos postées sur les réseaux sociaux. La logique de la téléréalité : entre fiction etdocumentaire.
L’autofiction.
Les dangers liés à exposer son intimité. Exercice de pratique à travers un corpus de photos données et d’écriture d’un récit personnel destiné à une diffusion sur les réseaux sociaux. Jusqu’où peut-on aller dans l’exposition de soi ? qu’est-ce que je livre, qu’est je cache, qu’est ce je peux fictionner ?
Les conditions économiques et pratiques de la construction de l'information
Avec en question de la précarisation et de la pression de l'audimat), angles de vue du traitement du sujet.
Au regard de notre expérience passée, nous avons décidé de nous pencher exclusivement sur des formats écrit, photo et son. Les difficultés observées chez les jeunes dans la retranscription d’une idée, que ce soit sous forme écrite ou orale, nous donne envie de privilégier les formats type radiophoniques, ou articles. L’enjeu étant que les jeunes parviennent avec leurs mots, simplement, à traiter des informations en les relatant, mais aussi en les mettant en perspectives avec d’autres informations, d’autres enjeux et regards.
Conformément au format du journal Marsactu, nous souhaitons proposer aux enfants d’entrer dans un travail d’enquête et d’investigation de terrain au long cours. L’idée pouvant être de partir de leur regard sur leur ville, à partir de leurs déplacements, des lieux qu’ils fréquentent, de leur espace de jeux, de leurs loisirs par ex. De cette entrée en prise avec leur réalité, il s’agira de dérouler et réaliser avec eux une enquête de terrain, qui nous permettra de pointer avec eux les enjeux sociaux, économiques, urbanistiques et politiques autour d’une question liée à leur quotidien. Depuis des préoccupations et regards d’enfants sur la ville et l’espace public, les enfants seront ainsi invités à mettre une perspective politique et citoyenne leurs existences.
Pour ce faire chacun devra apprendre et être en capacité :
• D’aborder un sujet par une problématique, de construire des questions en lien avec cette problématique, de la décliner sous forme d’entretiens personnalisés en fonction de la personne entretenue.
• D’aller à la rencontre des uns et des autres, de les questionner oralement.
• De retranscrire par écrit une idée générale
• De construire une trame, un dialogue entre les différents points de vue exprimés. De faire dialoguer des points de vue contradictoire pour donner de la perspective à un sujet.
Ces différentes compétences seront expérimentées sous les formes suivantes :
• Rencontre-interviews avec des habitants
• Rencontre interviews avec des acteurs associatifs, des élus locaux, les acteurs économiques
• Recherches et analyses documentaires sur le sujet
• Choix d’un angle de rédaction
• Ecriture en passant parfois par la dictée à l’adulte
• Photographie en passant par l’utilisation de leur smartphone
• Publication via le blog de Marsactu et via Radio Bernard (radio de Coco Velten) ou autre radio locale.
1. Le blog de Marsactu
Au fur et à mesure de l’avancée dans l’enquête pourront être publiées sur le blog de Marsactu des récits d’expérience de l’état de la recherche. Sous la forme de court textes et d’images, les publications sur le bog seront autant de pièces d’un puzzle en construction.
2. Les Réseaux sociaux
Surles pages Facebook et Instagram de Peuple & Culture Marseille au fur et à mesure des ateliers.
3. La radio Bernard ou autres radios locales
Implantée à Coco Velten, radio Bernard propose des focus réguliers sur les activités de Coco Velten. Nous proposerons au groupe de participer à une de leur émission pour relater du travail en cours et faire état d’avancement de notre enquête.
MARSACTU
Marsactu est un site web d'information locale. Créé en janvier 2010, il s'agit d'un média de presse en ligne qui propose des enquêtes, analyses et reportages sur Marseille et sa région. Marsactu s'intéresse tout particulièrement à la vie politique locale et à la gestion des collectivités territoriales.
Proche du journal web national Mediapart, ils publient conjointement des enquêtes la rédaction s'est notamment intéressée aux affaires touchant Jean-Noël Guérini15 ou, plus généralement, au clientélisme dans la gestion du Conseil général des Bouches-du-Rhône.
Un journal autonome financièrement
Jusqu'en mars 2015, le site propose un contenu en accès gratuit financé par la publicité.
Après la faillite de la société éditrice, Marsactu est racheté par ses journalistes qui relancent
la publication à l'automne 2015 grâce à une campagne de financement participatif et un
modèle d'abonnement.
Les interventions des journalistes de Marsactu pourront être ponctuées par l’intervention d’autres professionnels des médias qui viendront éclairer les jeunes, sur leurs différentes manières de travailler.
Nous avons sélectionné trois intervenants pour leur expertise sur ces questions, mais également pour leur capacité et leur désir de dialoguer avec des adolescents.
Parmi les intervenants pressentis :
(en cours de réflexion et en fonction des évolutions des jeunes dans le parcours et des sujets qu’ils auront choisi)
- François Becker
Correspondant pour l’AFP, François vit à Marseille, après avoir passé du temps en Seine St Denis. Il a développé une pensée critique sur la responsabilité des journalistes vis-à-vis du traitement de certains faits divers et sur la méfiance des couches très populaires des médias. "Dix ans après les émeutes de 2005, dans laquelle les médias ont eu leur part de responsabilité, le travail des journalistes reste très critiqué dans les quartiers populaires – parfois à raison."
"Nous ne sommes ni juges, ni flics, et dans l'urgence médiatique à laquelle nous sommes soumis, nous savons qu'aucune vérité définitive n'émergera. Difficile d'expliquer à ceux que nous rencontrons sur le terrain que la rigueur exigée par notre métier d'agencier nous oblige à nous méfier de tous les discours, et que leur parole, même la plus sincère, ne saurait nous suffire".
- Nina Hubinet - « Le collectif presse papier »
Diplômée du Centre de Formation du Journalisme en 2008, elle s’est installée au Caire l’année suivante. Correspondante pour La Croix, l’Express, Le Temps, elle a également travaillé pour la radio marocaine Medi 1, et réalisé des sujets télé pour l’AFP. « Arabisante », elle a couvert la révolution égyptienne et ses suites, sillonnant l’Égypte au grès de ses reportages. Elle est par ailleurs co-auteur du webdocumentaire Sout El Shabab / La voix des jeunes, diffusé par France Culture en janvier 2013, qui raconte ce que la révolution a changé dans la vie de cinq jeunes Égyptiens. En parallèle, elle a co-réalisé un documentaire radio pour l’émission Sur les Docks, intitulé Égypte, carnets intimes d’une révolution. De retour en France en 2014, après un passage par le site internet de France 24, elle décide de poser ses valises à Marseille.
Parmi ses sujets de prédilection actuels : l’environnement, l’économie sociale et solidaire et les questions liées à l’immigration.
- Mehdi Ahoudig
Réalisateur sonore, Mehdi Ahoudig a d'abord travaillé pour la danse contemporaine et le théâtre, en tant qu’ingénieur du son. Il est venu progressivement à la radio pour devenir une des signatures qui comptent à Arte Radio, il s'y distingue par sa capacité à faire émerger des paroles neuves, inattendues. Il a été récompensé par de nombreux prix internationaux. Il enseigne les techniques du son documentaire à Arles depuis 2002 et vit à Marseille.
Objectifs
- Permettre de développer un esprit critique face au foisonnement des images et contenus d’information présents sur les réseaux sociaux notamment.
- Analyser la construction des informations en sensibilisant à aux notions de point de vue, de divergence des points de vue, de subjectivité/ objectivité, de différence entre objectivité et vérité.
- Croiser les informations sur les mêmes sujets pour construire une pensée complexe.
- Devenir auteur en comprendre les enjeux en produisant sa propre actualité. En devenir acteur, pour en appréhender la complexité et échapper au flux d’information ininterrompu.
- Construire un usage actif des réseaux sociaux en devenant acteur du contenu qui y circule.
- Valoriser les expériences et le chemin de réflexion parcouru en présentant publiquement les investigations et les productions réalisées.
- Essaimer les pratiques d’éducation aux médias collectionnées